VINCENT BEZECOURT : “LE FOOTBALL C’EST COMME MON DEUXIÈME PASSEPORT”
Formé en France, passé par les États-Unis, l’Arménie, puis désormais à Singapour au Geylang International FC, Vincent Bezecourt raconte un parcours atypique, sincère, sans faux-semblant. À 31 ans, le meneur de jeu livre un témoignage précieux pour tous les joueurs tentés par l’Asie, mais qui n’osent pas franchir le pas.
Vincent démarre son parcours en U19 DH, puis est rapidement promu en senior DH. Deux montées consécutives le propulsent en CFA, et les retours positifs affluent. On lui répète qu’il a toutes les chances de signer professionnel. Mais malgré les espoirs, rien ne se concrétise.
Il prend alors une décision forte : partir aux États-Unis. Là-bas, il poursuit un double projet : obtenir un diplôme tout en continuant à jouer à haut niveau. Son passage universitaire à St. Francis College Brooklyn se termine en deux ans grâce au transfert de ses crédits. Et rapidement, les portes s’ouvrent.
“J’ai eu mon diplôme en deux ans, et après, j’ai signé aux New York Red Bulls. D’abord la réserve, puis l’équipe MLS.” Il passe au total quatre saisons à New York, puis rejoint le Miami FC en deuxième division. Mais l’année du Covid bouleverse ses plans. “Le club ne nous a pas soutenus. Moi je venais de MLS, je voulais faire une grosse saison… mais c’était mort. J’ai refusé une deuxième année à Miami, en espérant repartir en Europe.”
l “L’Arménie, c’était un coup de poker”
Le retour en Europe se fait par un détour inattendu. Après son passage à Miami, Vincent tente de revenir sur le Vieux Continent. Mais en pleine pandémie, les clubs sont frileux. Peu d’entre eux osent miser sur un joueur venu des États-Unis. C’est finalement en Arménie que l’occasion se présente, avec une équipe ambitieuse : Alashkert FC. Le pari est osé.
“C’est compliqué de faire le chemin inverse des US à l’Europe. Et encore plus en période de Covid. Mais j’ai eu cette offre en Arménie, d’un club qui jouait le haut de tableau. Je suis parti sans trop réfléchir.” Sur place, Vincent se rend indispensable. Il enchaîne les bonnes performances, marque, fait marquer, et contribue largement au titre de champion. “J’ai eu une grosse influence sur les résultats, surtout en fin de championnat. Je marque, je fais des passes décisives.”
Il découvre aussi les matchs européens : qualifications de Ligue des Champions, Ligue Europa, Conference League contre les Glasgow Rangers. Mais les réalités du foot local sont plus rugueuses. ”Le président, pas très réglot… J’ai pas eu tout l’argent qu’on me devait.”
Conscient d’avoir rempli sa mission, Vincent se met en quête d’un nouveau projet.
l “Singapour, c’est moi qui ai tout déclenché”
Quand on lui parle des détections Vision FC, Vincent valide l’idée avec enthousiasme. Il comprend l’enjeu : créer un pont entre deux mondes qui se connaissent peu.
“Les clubs asiatiques veulent voir. Ils ne vont jamais faire venir un joueur inconnu juste sur vidéo. Il faut leur montrer. Ton projet peut créer une success story. Et après, ça peut aller très vite.”
Le virage asiatique n’est pas le fruit du hasard. C’est une démarche volontaire, personnelle. Vincent veut rebondir, et surtout rester acteur de sa trajectoire. Il explore les options. “C’est venu de moi. J’ai pas attendu qu’un agent me contacte. J’ai contacté un agent hongrois sur LinkedIn.”
Ce contact intervient dans un moment particulier : son frère est de passage à Budapest pour son enterrement de vie de garçon. Vincent souhaite être présent, pense au championnat hongrois, mais aucune place ne s’ouvre. En revanche, l’agent évoque Singapour. Curieux, Vincent écoute. Puis il échange avec le club de Geylang International FC: “c’était la première fois qu’on m’appelait en visio pour me parler du jeu, de mon rôle, du projet. Même si je prenais une petite baisse de salaire, j’ai pas trop réfléchi.”
l “Là bas c’est un autre monde”
À peine arrivé, Vincent comprend qu’il a changé de dimension. “La plupart des gens pensent que l’Asie est sous-développée. Je les invite tous à mettre un pied à Singapour. Dès l’aéroport, tu comprends que tu es dans un autre monde. Tout est clean, moderne, bien pensé.”
Il découvre un cadre de vie organisé, moderne et agréable. “Ici, t’as même pas besoin de voiture. Le métro et les bus, c’est nickel, rapide, pas cher. On vit dans des condos [ndlr : résidences privées avec services intégrés]. Dans la résidence il y a 15 piscines, deux saunas, un jacuzzi… C’est beaucoup de stress en moins. Tu peux juste rentrer de l'entraînement aller nager, faire un tour au sauna et après tout va mieux.”
l “Quand tu viens en Asie, on te donne les clés du jeu”
Sur le terrain, Vincent sent dès les premiers entraînements qu’il est attendu. Il n’est pas là pour compléter l’effectif, mais pour guider le jeu. “Dès que je suis arrivé, j’ai senti que le jeu allait tourner autour de moi. Ils donnent énormément de responsabilités aux étrangers. C’est un peu de pression, mais j’adore ça. »
Le championnat est encadré, organisé, loin de certaines idées reçues. ”À part un club privé, tous les clubs reçoivent leur budget de la fédération. Les staffs sont complets, les installations bonnes. Le niveau est différent de ce qu'on peut connaître en France, mais ça permet justement à des profils expérimentés de s'épanouir et de vraiment peser dans le jeu.”
l “Si j’avais pu venir plus tôt en Asie, je l’aurais fait”
Vincent ne vend pas un rêve. Il explique avec honnêteté ce qui fait la différence pour réussir : l’attitude, la régularité, la capacité d’adaptation. “À Singapour, ils regardent beaucoup la mentalité. Il faut s’intégrer au groupe, aux coachs, au management. Si tu fais le job et que tu restes en forme, ça va très vite.”
Et pour ceux qui pensent que l’Asie n’est qu’un plan B, il rappelle les réalités concrètes : “Même si Singapour est un petit championnat, il y a des gros contrats à aller chercher en Asie. Bien plus intéressants que des contrats de National ou Ligue 2. Et avec une qualité de vie incroyable. Quand je suis parti de France à 19 ans, j’avais peur. Ma famille avait peur aussi. Mais une fois que tu le fais, tu te rends compte que tu apprends tellement. Tu crées des opportunités, des contacts, des amitiés. Et après, ça devient facile. Si j’avais pu venir plus tôt en Asie, je l’aurais fait.”
Vincent en a aussi profité pour anticiper et penser à son après-carrière : “J’ai utilisé mes deux premières années ici pour faire un MBA en ligne. Maintenant que je suis en fin de carrière, je commence à construire des choses pour la suite.”
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