JEFFREY BALTUS : “LÀ-BAS, MOI LE PETIT JOUEUR DE FRANCE, JE SUIS UNE ICÔNE”

Gardien de but formé en France et passé notamment par l’AJ Auxerre, Jeffrey Baltus n’a jamais pensé être programmé pour le football professionnel. À 33 ans, lui qui a toujours vu le foot comme un plaisir plutôt qu’une carrière s’est pourtant retrouvé à vivre un parcours très atypique, osant partir après la trentaine au Népal, au pied de l’Himalaya, dans une ligue franchisée au format unique.

Jeffrey Baltus débute comme beaucoup de jeunes : “J'ai commencé en amateur à Savigny-le-Temple puis je suis allé au Mée-sur-Seine, un club reconnu en Seine-et-Marne.” À 13 ans, il intègre l'INF Clairefontaine, rêve de nombreux jeunes joueurs. Mais l'expérience tourne court : “Après un an, ils m'ont expliqué que ma progression n'était pas celle qu'ils attendaient. J’étais déçu, mais je n'étais pas programmé pour devenir pro, donc je suis vite passé à autre chose. Je voyais le foot comme une passion, un plaisir, pas forcément comme une carrière.”

Il raconte ce moment avec lucidité : “Je me suis remis rapidement de cette déception car ce n’était pas mon unique ambition dans la vie. Depuis tout petit, je n’étais pas programmé foot. Le foot, c’est un jeu, un kiff. C’est comme ça que je l’ai toujours vu.”

C’est finalement à Brétigny-sur-Orge que sa carrière redémarre vraiment : “Là-bas, je fais une saison exceptionnelle en 14 ans fédéraux. Lyon, Auxerre, Lille, Saint-Étienne… beaucoup de clubs me voulaient.” Il se rappelle particulièrement la bataille entre Lille et Auxerre pour le recruter. Jeffrey s’amuse : “Lille était prêt à doubler tout ce qu’Auxerre proposait. Ils avaient même appelé ma mère pour surenchérir au moment où Auxerre était venu avec une offre chez nous.” Finalement, il opte pour Auxerre, séduit par le sérieux du club, les conditions offertes, mais surtout l’approche humaine et l’engagement sincère de Daniel Rolland, directeur du recrutement, qui s’était déplacé jusque chez lui.

l “À Auxerre, je découvre vraiment le haut niveau”

Arrivé à l’AJA, Jeffrey signe un contrat élite de 5 ans et progresse très rapidement : “À seulement 17 ans, je jouais en CFA2 contre des pères de famille. Ça m’a fait mûrir très vite.” Il se souvient aussi de ses premiers entraînements avec les pros : “Le premier jour, j’arrive en retard alors que j’habite à 3 minutes du vestiaire. Je me suis fait fusiller direct. Mais tu découvres un autre monde. Tu vois les Pedretti, Birsa, les grands noms… Là tu réalises que ce n’est plus du foot plaisir, c’est un job.”

Ses performances lui ouvrent rapidement les portes des équipes de France jeunes : “Je me retrouve en équipe de France U17 avec des joueurs comme Lacazette, Grenier, Kakuta. On va jusqu’en finale du championnat d’Europe U17, c’était fou.”

Pourtant, malgré ce parcours, Jeffrey garde en tête sa philosophie : “Je n'étais pas programmé pour devenir professionnel. J'avais eu des opportunités, comme celle d’un club anglais avant de signer à Auxerre. Avec le recul, j’aurais peut-être dû la saisir. L’étranger, ça ouvre d’autres portes. Mais je n’ai aucun regret. J’ai pris du plaisir et j’ai beaucoup appris.”

Après plusieurs années à Auxerre et dans d’autres clubs français, Jeffrey construit une carrière solide, de la Nationale à la Nationale 3, avec toujours la même ligne directrice : jouer pour le plaisir et continuer à vivre de sa passion. Il confie : “J’ai toujours été un rêveur. Mon rêve, c’était de jouer en Asie ou en Amérique du Sud. À 30 ans, je me suis dit que c’était le moment. Peut-être un peu tard, mais je voulais tenter quelque chose d’inattendu.”

l “L'Asie, je l’ai découverte grâce à LinkedIn”

Comme Vincent Bezecourt, c’est sur LinkedIn que Jeffrey voit passer une annonce pour un club au Népal : “Je suis tombé dessus et je me suis dit : pourquoi pas ? Je « dormais » sur LinkedIn à ce moment-là, j’actualisais toutes les dix minutes.” Il contacte l’intermédiaire, vérifie la réalité de la compétition et finit par signer. “En 48 heures, j’avais mon billet d’avion. J’ai sauté sur l’occasion.”

Les débuts sont rudes. Dès la première nuit, un tremblement de terre secoue son hôtel. “Heureusement, j’avais un coéquipier qui connaissait l’Asie et qui m’a dit direct : déconnecte ton cerveau, ici tu viens, tu joues, tu fais le job, et tout ira bien.” [ndlr : la Nepal Super League fonctionne en format franchisé, avec des clubs créés spécialement pour la compétition et financés par des sponsors et patrons locaux]

Le club l’accueille pour son expérience : “Le coach voulait un gardien européen pour apporter du calme.”

l “Là-bas, moi le petit joueur de France, je suis devenu une icône”

Très vite, Jeffrey conquiert son nouveau public : “Là-bas, ils n’ont rien mais donnent tout. Leur générosité m’a marqué.” Il découvre aussi une autre facette du foot : “C’est bizarre de dire ça, mais là-bas, moi le petit joueur de France, je suis devenu une icône.”

Sur le terrain, il s’épanouit : “Le rythme est intense, on joue tous les trois jours, ça te choque physiquement. Mais ça m’a permis de montrer mon vrai potentiel.” Il raconte aussi la vie au quotidien : “C’est un autre monde. Tu manges du dal bhat [ndlr : plat de riz et lentilles], des momos [ndlr : raviolis vapeur], tu es accueilli comme un roi, même si les conditions sont parfois rudes. Là-bas, tu as beaucoup plus de liberté qu’en Europe : personne ne te dit ce que tu dois manger ou faire, la seule chose qu’on te demande c’est d’être prêt et bon le week-end.”

l “En Asie, c’est une question d’état d’esprit”

Pour Jeffrey, réussir en Asie, ce n’est pas une question d’argent : “Si tu viens ici juste pour l’argent, ça ne marchera pas. Il faut venir pour kiffer, pour découvrir, pour vivre sa passion du foot pleinement.”

Aujourd'hui, il conclut avec un conseil sincère et motivant : “Faut y aller. Combien de joueurs ont pris des destinations inattendues et se sont retrouver à jouer des Coupes du Monde des clubs ou des compétitions incroyables. Il n'y a plus un chemin tout tracé, c'est toi et la personnalité que tu donnes à ta carrière. Au pire, qu’est-ce qui va se passer ? Vaut mieux essayer et rater que de ne rien tenter et se réveiller dans quelques années le cœur plein de regrets.” Jeffrey pense désormais à la suite : l’Asie reste une option mais son rêve reste l’Amérique du Sud, avec des pistes notamment au Guatemala dont il parle avec enthousiasme et prudence, prêt à franchir un nouveau cap s’il en a l’occasion.

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